Lever les
pattes :
Une faille
s’est rapidement ouverte en début avril, entre deux contrats de travail, pour choisir
(lire plutôt : imposer) de lever les pattes et prendre une ou deux
semaines de vacances en quelques part.
La décision devait être rapide et sans prendre trop le temps à songer où
et quoi faire. Par chance, un vieil ami
habite le Costa Rica depuis une dizaine d’années et me recevrais chez lui no
problemo. Par deuxième chance, les billets d’avions étaient ridiculement pas
cher pour s’y rendre en avril (genre, moins cher que Toronto) et une rapide
vérification de ceci sur Expédia est donc aussitôt devenue décisive.
Une valise
à moitié vide avec juste une couple de t-shirt, des shorts, mon bêling et des
flip-flops ne semble pas prometteur d’un voyage qui restera gravé dans la
mémoire…du moins, par pour l’aventurier dans l’âme que je suis…que nous sommes
tous ici en fait. Faque, une petite recherche éclair sur le forum de AdvRider
et je savais maintenant qu’on pouvait faire la location de moto là-bas avec
conseils d’itinéraire et tout. Alors boum, l’autre moitié de ma valise maintenant
comblée avec mon jacket de moto, mes pantalons et une paire de gants et hop,
j’étais déjà assis dans l’avion avec ce qui semblait s’enligner comme un voyage
de moto-aventure en pays étranger.
C’est
plutôt une fois rendu chez mon pote là-bas que j’ai pris un peu plus de temps à
m’organiser un petit itinéraire en me renseignant davantage sur les récits Costa
Ricains des différents aventuriers en moto sur le web. La plupart semblait avoir fait l’acquisition
de leur moto de location chez un espèce d’ex-scandinave du nom de Thorsten
installé dans la capitale San José depuis près de vingt ans et qui opère la
compagnie Wild Rider. Après avoir
vérifié avec lui la disponibilité de ses motos et pris rendez-vous pour en
prendre possession d’où, en moins de 5 minutes, il m’a proposé un itinéraire
sur carte très varié et m’a prêté casque, outils, cadenas (les Costaricains
craignent énormément le vol), bottes (j’avais oublié les miennes), sac étanche
de transport et bungees.
C’est donc
sur une Honda XR250 Tornado (un modèle d’Amérique du Sud) bien battue que je me
suis élancé seul avec le reste de mes cossins à la conquête de ce petit pays, à
relief très varié : Côte Pacifique avec séries de plages chaudes à perte
de vue, mer des Caraïbes turquoise, chaîne de montagne avec plantations de café,
volcans, forêts tropicales et plus de réserves et parcs nationaux que d’églises
à Montréal. Que l’aventure commence !
Jour
1 : Fuir la grande ville vers les volcans
La chaîne
de montagne qui traverse le pays au complet se sépare brièvement en deux au
centre du pays, créant une grande vallée d’où s’est installé San José, la
capitale, ainsi que les méga-villes banlieues qui sont respectivement les 2e,
3e et 4e plus grosses villes du pays. Inutile de dire qu’avec près des 2/3 des
habitants du pays, on ne reste vraiment pas longtemps ici dès qu’on monte
sur la selle: Direction montagnes au nord.
Il fait
chaud tout le temps là-bas. Ce n’est pas
compliqué comme chez nous. Par contre, leur année est quand même divisée en
deux : saison sèche (Décembre à
Avril) et saison de pluie (Mai à Novembre).
Les nuages commencent à s’installer sporadiquement depuis février mais
finissent seulement par y rester et se laisser aller complètement à partir du
mois de mai. Ceci veut dire que les
fameux volcans seront rarement visibles dans ce pays, contrairement aux belles
photos touristiques dans les brochures et sitewebs sur le pays. Le volcan Poas, le premier arrêt de ma route
en quittant San José et un des deux seuls qu’on peut se rendre jusqu’en haut
par route, n’était qu’un beau brouillard au final, humide et relativement frais
compte tenu de l’altitude. Dommage, car cette route était parfaite, avec un
bitume qui, aux yeux de Québécois, avait été fait il y a moins d’un mois, alors
que ceci devait faire 8 ans au réel, et avec toutes ses courbes et switchback trop
bien calibrées. Je me suis donc arrêté
pour rebrousser chemin à quelques kms seulement du cratère ennuagé afin de
poursuivre mon chemin l’autre côté de la montagne. La descente sinueuse m’a amené à une série de
chutes d’une hauteur et débit impressionnant (La Paz) située juste sur le bord
de la route au sein d’une végétation de superbes « plantes de salon ».
Jusqu’ici,
le cylindré de 250 de la moto ne manque pas de punch, surtout compte tenu des
courbes qui se suivent tour à tour et que la limitation de vitesse qui s’en
suit (entre 30 et 80 km/h) demeure toujours bien en deçà de sa courbe de
puissance. Seule chose à noter concerne
une certaine hésitation lorsqu’on met les gaz en montant à haute altitude, fort
probablement par baisse d’oxygène au moteur : Ceci peut se corriger en
enlevant temporairement le filtre à air, chose qu’évidemment j’ignorais et que
je n’ai pas fait sur le coup, endurant plutôt les nombreuses hésitations du
moteur en top de montagne. Sinon, la légèreté
de la moto lui donne une agilité dans toutes ces courbes répétitives que je
commence à réellement apprécié, ce que je n’ai pas vraiment senti auparavant
avec ma (pas si) grosse 600 à la maison.
Cette sensation de contrôle me fait sentir en pleine confiance et
surtout, me fait sourire jusqu’aux oreilles. Je suis jusqu’ici très comblé et
aucunement déçu de la « diète ».
Reste à voir ses performances hors route…je commence à avoir hâte.
Mon
parcours improvisé pour la journée me fait revenir en direction de San José mais
seulement question d’emprunter des routes sinueuses re-traversant la chaîne de
montagne, en passant par plusieurs petits villages de montagne, et en
retournant vers le nord en direction d’un autre volcan, Arenal. Plusieurs stands de fruits frais et d’eau de
coco froide s’étendent tout au long de la route (ici et dans le reste du
pays). Ce seront dorénavant mes arrêts
snack et « gatorade » mais 100% naturels…je suis d’autant plus
comblé.
Arenal est
probablement le volcan le plus connu du pays car il est le dernier à être entré
en éruption (à peu près la même période que la dernière Coupe Stanley des Maple
Leafs) et possède la forme iconique d’un volcan : un cône parfait et
dénudé en grande partie de végétation (lorsque non-coupé en deux par un nuage,
évidemment). Cette région recèle de
sources thermales, ce qui procure un repos parfait pour une première grosse
journée de moto du voyage (et de la saison).
Je me trouve un hotel quelque kms le long de ma première petite route de
terre du voyage et je m’écrase dans un « jacuzzi » naturel avec
quelques bonnes cervezas frescas bien méritées.
Jour
2 : Des volcans à la plage
J’avais
pris un forfait itinérance à l’étranger avec ma compagnie cellulaire avant de
partir et j’avais pris le soin de « uploader » la carte du Costa Rica
sur mon téléphone. Suite à ma première
journée faite à l’ancienne avec une carte papier et des routes surlignées, j’ai
compris que la gravelle se trouverais (uno) loin de la vallée centrale (San
José) et (dos) en suivant les plus petits chemins zoomables de la carte de mon
cell. C’est alors que je planifie de
suivre les brèches entre la série de trois autres volcans au nord-ouest de
Arenal en essayant de trouver toutes les routes de gravelles que je puisse tomber
dessus, en commençant par celle en sortant de l’hôtel en direction d’un grand
lac situé au pied du volcan. Quelles vues ! J’ai été gâté par un Arenal
complètement dégagé, un lac à distance, de vrais « ranch » de
l’Amérique Latine bordés de cocotiers, et surtout des collines et vallées
parfaitement ronde à pertes de vue avec arbres et plantes exotiques. Le petit chemin de terre était relativement
bien tapé sans trop de substances « looses ». Je commence à
apprivoiser la XR sur le rough et, contrairement à mon (maintenant) pseudo-tank
à la maison, à prendre énormément confiance à négocier les courbes à vitesse.
Arrêt dîner
dans le premier petit village au bout du lac dans un resto Allemand (????),
tenu par un ex-hippie d’une vingtaine d’année au pays ayant fort probablement
fumé son billet de retour à l’époque. La bouffe était bonne mais chère et le
gars d’apparence sympathique mais encore trop « space » pour tenir
une conversation droite sans distractions.
Beaucoup d’endroits au pays constituent un refuge (ou une retraite) pour
ce type de personnage occidental échoué ou la version surf tatouée d’actualité. Cette expérience sociale plutôt moyenne me
fera dorénavant porter une attention particulière à ces « refuges »
afin de demeurer là où l’expérience de voyage restera la plus accueillante et authentique
possible. Sur le sujet des étrangers, les
Costa Ricains semblent avoir une idée généralement négative des américains, les
« gringos », mais toute la confiance et l’amabilité décuple
lorsqu’ils comprennent que nous en sommes pas.
Soupoudrez ça avec un peu d’espagnol parlé (disons plus que
« bonjour », « au revoir », « une bière svp » et
« où sont les toilettes ») et ce seront rapidement les gens avec qui
vous aller vouloir la prendre cette bière.
Et après tout, c’est bien eux qui nous accueilles dans leur charmant
pays ? Les chemins de terre vont
définitivement m’y mener.
Au bout du
lac, une autre route de gravier sinueuse va m’amener vers la vallée du prochain
volcan, passer une ferme d’éoliennes, des fermes tout-court, un soleil chaud,
des stands d’eau de coco frais, et des villages de plus en plus pittoresques et
isolés. À l’horizon, des montagnes et
des volcans recouverts d’une luxuriante végétation verdoyante. Le temps sec me
fait trop apprécier ces arrêts « gatorade local ». Une route barrée pour contrôle policier allait
être mon premier défi en espagnol et un contact privilégié (mais pas
nécessairement désirable) avec le peuple Costa Ricain…tout s’est bien passé,
pas de demande de pot-de-vin (surtout après avoir été
« dé-gringo-zé »), et en plus, fouillez-moi comment, mais j’ai même
réussi à les faire rire…une bière avec eux aurait été bien, mais probablement pas
le plus approprié compte tenu de nos habits fort différents. Au fait, ça faisait longtemps que je n’avais
pas vu des policiers sans pantalons camouflage ! Sur cette constatation, je
poursuis mon chemin qui va me faire emprunter une route de gravier vers la
deuxième plus grosse ville du pays, Libéria.
Une bonne partie de cette route semblait avoir été creusée comme un
canyon dans un sol très argileux et l’environnement était de plus en plus sec
avec moins de végétation…l’effet est vraiment intéressant, un peu comme la scène
finale sur l’Étoile Noire du vrai premier Star Wars !
Quelques
kms passés Libéria, qui n’a pas vraiment d’intérêt pour un arrêt particulier
autre que l’essence, il y a le deuxième aéroport international du pays. C’est fort probablement par là que passent
les gringos en masse pour atteindre leur destination soleil. Je crains un peu la suite. En effet, la côte
à cet endroit est parsemée de petites baies en demie-lunes avec plage,
cocotiers, hotels et bars. Il commence à
faire noir et je ne veux pas rouler en noirceur, donc je m’arrête dans une de
ces premières baies pour la nuit. Le lieu
n’est pas trop achalandé (fieuf), ni trop intéressant, mais j’entends au moins les
vagues et l’odeur de la mer me rappelle que c’est d’abord et avant tout une
vacance !
Jour
3 : Soleil et Plage
Alors comme
c’est une vacance et que la plage et la mer m’appelle, aujourd’hui on roulera
moins et on va se chercher un bel endroit pour se planter dans le sable, en
longeant la côte vers le sud. Un des récits que j’avais lu, dont l’auteur
tentait éviter autant les grosses destinations soleil des gringos que celles à
vagues des surfers/hippies tatoués, suggérait un beau spot de plage plutôt
« équilibré » en ce sens et qui semblait me donner une distance
passablement raisonnable à franchir, alors je trouve un réseau de chemins de
graviers et je m’y élance.
Je croise
en effet les lieux hyper-touristiques de Coco, Tamarindo et Samara bourrés
d’hotels, de bars et de restos, d’autres plus petites plages entièrement
aménagées avec un ou deux gigantesques hotels de luxe tout-inclus, mais je
croise aussi des baies complètement absentes de tout ceci avec plages bordées
de petites habitations du peuple. Un de
ces arrêts avait un arbre dont un groupe de perroquet semblait apprécier s’y
percher, mais pas autant que la famille de singe qui s’y reposait déjà, pieds
et queue dans le vide : I guess ce sont les pigeons et écureuils gris du
coin.
Il y a de
moins en moins de chemins asphaltés. La
XR est à son meilleur dans le gravier, dont elle dévore avec totale
assurance. Les lézards préfèrent eux
aussi les routes de gravier, j’en croise plein. Parfois, je passe à côté d’une
plage et des cocotiers, parfois des fermes avec cette espèce de bœufs à très
longue corne (Ox en anglais).
J’arrive à
ma destination, Playa Guiones, une genre de plage protégée par le gouvernement
donc il n’y a pas de développement directement sur le bord. Tous doivent marcher pour s’y rendre. Il
semble y avoir nettement plus de petites maisons en location que d’hotels. On y retrouve donc une faune touristique très
variée avec des jeunes familles, des enfants, des retraités, des backpackers,
quelques surfers, du yoga, des genre de centres à concept « zen » et
depuis quelques minutes, un motocycliste-aventure.
Je pose mes
trucs dans un petit hotel, et je m’en vais me brûler pour une deuxième fois au
soleil. Eau tempérée, superbe soleil jusqu’à son coucher, cerveza, ceviche…cé
une autre journée bien réussie.
Jour
4 : Gravier et Plages bout-à-bout
Ma première
journée pratiquement sans asphalte, que du pur gravier tout au long, toujours
en longeant la côte vers le sud. Je suis
maintenant dans la péninsule du Nicoya, au paradis du hors-route…et tout
poussiéreux aussi. Je croise ma première
traversée de rivière à gué : Pas de crocodiles, je m’élance…la moto est
rafraîchie, elle en avait grandement besoin.
Je vais en croiser trois autres comme ça en chemin, et ce n’est pas la
moto qui s’en plains, mais plutôt moi qui aimerais bien me dépoussiérer un peu
aussi. Heureusement pour ça, il y a
toujours une plage plus au moins abandonnée à un virage près. Les caps entre ces plages deviennent de plus
en plus haut, ce qui rends la route de plus en plus sinueuse et trippante en
légère 250. Le soleil est toujours au
rendez-vous, ainsi que la chaleur et l’odeur de la mer. Plusieurs arrêts beach s’imposeront alors.
Suivant toujours
la carte sur mon cell, j’y remarque un beau chemin qui semble longer une de ces
plages plutôt très longue et rectiligne. Arrivé sur place, il n’y avait pas de
chemin en fait : les traces de pneus débarquaient tous sur la plage et
disparaissaient sous l’eau. C’est soit
ça, ou un très grand détour de 45 minutes.
Thorsten m’avais parlé d’un endroit où je pouvais rouler sur la plage
mais de faire bien attention aux marées et de ne pas s’y aventurer si la marée
était haute. Comme je captais toujours
bien les ondes cellulaires peu importe ma localisation dans ce pays, j’active
le 4G pour me renseigner sur les marées : trop tard, j’étais à 20 minutes
de la marée haute, d’autant plus qu’on était à une ou deux jours près de la
pleine lune (les marées sont toujours plus fortes à cette époque). En contre-partie, s’est rendu presqu’impossible
de trouver un endroit en Amérique du Nord où il est encore permis de rouler en
véhicule sur la plage. La grande
majorité est interdite aux véhicules et, dans les rares cas où ce plaisir est
permis (eg. Nord de Cape Cod), il faut faire l’acquisition d’un permis qui
s’avère complexe et très dispendieux.
C’est donc maintenant ou jamais ma chance d’essayer ça. La XR 250 m’a montrée jusqu’à présent qu’elle
était une compagne fiable et en pleine possession de ces moyens, j’ai donc
pleinement confiance que ce n’est pas à cet endroit qu’elle me fera défaut,
même s’il ne reste presque plus d’espace pour rouler entre le sable toujours
sec, mou et plein de débris et les grosses vagues qui cassent de plus en plus
près…je m’élance donc, en territoire complètement inconnu, totalement nerveux
comme quelqu’un qui pourrait être sérieusement pris dans une fâcheuse situation.
Qui risque rien, n’a rien alors…allez-hop, cascade !
J’avance
donc à vitesse constante surtout sans arrêter, j’ai l’impression qu’un seul
arrêt pourrait être totalement mortel : Pas pour moi, mais pour embourber
ma moto de location que je me voyais devoir abandonner aux crocs de l’océan à
tout moment. Des fois, les vagues viennent faucher ma route, d’autres fois, je
passe brièvement dans le sable trop mou.
J’évite un tas de débris par terre, troncs, noix de cocos, poubelles
tout en essayant de me coordonner avec le recul des vagues cassantes. Je conserve la constance de mon gaz, même si
je sens perdre ma roue avant à plusieurs reprises. Je ne veux pas rester pris. Mon cœur me
débat. Pas le temps de prendre des
photos ni d’admirer le paysage.
Passé un
cap, la plage continue encore pour un long bout, mais je remarque une cabane au
loin et, en m’y rapprochant, un chemin derrière les cocotiers qui fait diriger
les traces de pneus sur le sable soudainement réapparues derrière la ligne de
la dernière vague, un sentiment de pure joie s’empare de moi. Toute la nervosité redescend d’un seul coup.
Yahoo ! Sti que s’était l’fun…faut
refaire ça…mais non, pas maintenant, je vais ménager mes nerfs pour une
prochaine fois lorsque j’aurais mieux « timer » mes marées et que je
pourrai cette fois arrêter pour admirer le paysage et prendre des photos.
Cette
aventure m’amène dans la zone définitivement « surf » du Costa
Rica : Santa Teresa. Des kms et des
kms de belles plages avec superbes vagues quasi-infinies avec des kms et kms de
bars et pubs le long du chemin pour tout oublier les exploits de la journée et
t’obliger de tout recommencer le lendemain. Je peux comprendre qu’il y en a qui
s’y accroche facilement les pieds à un jeune âge. Passé ce lieu très achalandé,
existe un petit village découvert par les hippies-gringos durant les années 70,
du nom de Montezuma, mais qui a pris une tournure légèrement moderne sans trop perdre
l’héritage « zen » qu’ils ont laissé.
Ça semble être un équilibre acceptable nettement moins bruyant que
l’autre et, de toute façon, il commence à manquer d’heure d’ensoleillement dans
la journée, donc c’est là que je m’arrête pour la nuit. L’endroit ressemble un
peu à un micro « Plateau » dur le bord de la mer avec une couple de
cafés et de bons restos : J’ai dû
manger le meilleur plat du voyage à cet endroit.
Jour
5 : Le marathon des montagnes
Bon, il n’y
avait pas d’air climatisé dans le petit hotel que j’avais trouvé. Il n’était pas cher non plus. Je n’ai pas dormi de la nuit à cause d’une chaleur
totalement suffocante. Pourtant, le
meilleur du voyage reste à venir aujourd’hui : des « singletracks »
en montagne vers l’endroit le plus haut en altitude du pays. Mais, ce n’est pas à la porte et je devais donc
me lever tôt, donc quelques minutes seulement après avoir réussi à trouver
sommeil, surtout pour prendre un traversier qui me fera sortir de la
péninsule. Je réussi à m’y rendre juste
à temps (environ une heure de Montezuma) et à retrouver un peu de sommeil sur
une banquette toute la traversée.
Je débarque
à Puntarenas un peu plus reposé et emprunte l’autoroute (la seule du voyage) jusqu’à
Orotina afin de rapidement rejoindre les chemins sinueux vers les
montagnes. L’autoroute est là où la XR
250 perds tout son charme, mais de toute façon, en moto-aventure, ce n’est définitivement
pas l’endroit ciblé. Heureusement, je n’avais
qu’environ 45 minutes à faire avant de sortir et retrouver un étroit pavé
sinueux vers la montagne tout fraîchement fait : OK, j’avoue que ceci
aurait été tout un charme avec ma 600, ou encore mieux une moto de tourisme,
mais je demeure excessivement étonné comment la 250 s’est avérée tout aussi
amusante à plonger dans chacune des courbes et surtout à réagir aux ajustements
lorsque les virages ont été moins bien abordés.
Plus je m’enfonce,
loin de l’autoroute, plus je monte en altitude et bientôt l’asphalte laisse sa
place au gravier. Les villages que je croise sont d’autant plus reculés et authentiques,
les routes sont à moi seul, sauf une couple de vieux Toyota Land Cruiser battus
qui passent ça et là. Au point le plus
haut, je croise une gang de gringos en trip organisé KTM de la tête aux pieds qui
prenait une pause: j’ai dû leur induire en erreur à mon passage avec cette Honda
de couleur orange ! Je prends une pause
moi aussi un peu plus loin dans un espèce de bar abandonné sur le bord d’une
falaise : La vue est tout simplement fantastique ! Les 50 prochains kms seront un plaisir à
redescendre en direction de la mer, toujours en route de gravier sinueuse au
sein de forêts de plus en plus humide.
Arrivé sur
la route principale qui relie le sud du pays avec le nord, je dois l’emprunter
pour un autre 20 kms direction sud afin de trouver un autre chemin de terre,
parallèle à celui que je venais de prendre et qui me fera monter à nouveau dans
la chaîne de montagne, mais cette fois, à plus haute altitude. Cette route, de Quepos à San Marcos, est
définitivement le « highlight » du trip. Ça commence avec une
traversée de rivière suivie ensuite d’un chemin de terre sinueux et
interminable en montant à simple voie au beau milieu d’une forêt tropicale (rain
forest) très dense et variée. Un simple
arrêt de 5 min., et vous y verrez certainement un animal exotique (du moins,
pour nous) : C’est un Toucan qui s’est pointé le (long) nez dans mon cas ! L’odeur, la vue, le feeling de rouler dans
cette jungle est un moment de moto très marquant, que je conseille à quiconque
de vivre.
San Marcos
est réputé pour son café de très haute qualité.
Les kilomètres sinueux à flanc de montagne à son approche révèlent
toutes les plantations de ce grain tant convoité. Je n’ai pas vu Juan Valdez par contre, c’était
probablement la sieste. Quoique non, il
est proche de 16h maintenant et j’ai encore un 3h facile de route avant d’atteindre
mon objectif de la journée, une ville qui s’appelle Turrialba. Je dois clencher car ici, il fait noir à 18h
tappant, peu importe le moment de l’année et avec la conduite imprévisible des
habitants là-bas, surtout dans les centres urbains, il faut éviter la route par
noirceur. Ce n’est donc pas cette
fois-ci que je vais prendre un succulent café avec Juan lui-même. Ça sera pour une autre fois…définitivement.
Je ne réussi
pas à battre la noirceur, mais je suis au moins sorti des montagnes pour
rejoindre à nouveau la vallée centrale dans une ville qui s’appelle Cartago
avant qu’il fasse complètement noir. Cette
ville avait l’air très chic et prospère avec plusieurs parcs et ruines, mais
pas vraiment le temps d’apprendre pourquoi car j’ai une autre heure de route à
faire. Je me rends à mon hôtel à
Turrialba tenue par une américaine très sympathique et toute aussi accueillante
envers les canadiens que les locaux depuis le début du voyage.
Jour 6 :
Rivière
OK, j’ai
poussé la barre bien haute la veille, non seulement en émototion, mais surtout
en endurance. Aujourd’hui, c’est une
journée de break de moto, mais certes pas d’aventure : Kayak de rivière
sur la Rio Pacuare. Du moins c’était le
plan, jusqu’à ce que je constate rendu sur place que la rivière est à son plus
bas record de tous les temps, genre de mix de fin de saison sèche et El Nino,
et que tout chavirement goûtera invariablement aux roches qui effleurent maintenant
la surface d’eau. OK, pas un bon endroit
pour s’infliger une blessure tout-à-fait évitable donc ce sera en rafting d’abord.
Drôle de s’adonner
à ce sport lorsque toutes les instructions sont données en espagnol et que les
participants sont tous locaux (et loco…moi).
C’est là que j’ai dû sortir le meilleur de mon espagnol et j’étais très
étonné comment, sans être en mesure de pouvoir accorder mes verbes (mon dernier
cours date de plus de 20 ans), j’ai pu raconter des histoires et me faire
comprendre. J’imagine que ça prend plus
d’expériences immergé avec les gens locaux comme ceci pour être capable de
mieux s’intégrer dans les mœurs et coutumes de la place…ce qui est plus difficile
à faire lorsqu’on roule constamment.
Ça fait du
bien de prendre une pause mais pas trop longtemps, surtout que Turrialba, à
part être le point de base pour accéder aux grandes rivières du pays, ne vaut
pas vraiment le détour culturellement parlant.
Un projet de ride moto intéressant en ce 6e jour aurait pu
être de se rendre jusqu’à la mer des caraïbes à Puerto Viejo et de se tremper l’orteille
dans les eaux turquoises au soleil du côté Atlantique, con cerveza muy fresca. Ça sera pour une prochaine fois…définitivement.
Jour 7 :
Dernière tentative d’un volcan.
Turrialba a
l’avantage d’être à l’extrémité de la vallée centrale, donc c’est avec moins de
kilomètres à franchir que je dois me diriger vers la boutique de Thorsten en
après-midi pour lui remettre le bolide.
Je vais en profiter pour faire un dernier détour par les montagnes au
nord de la vallée et, pour une ultime tentative, essayer de voir un cratère de
volcan. C’est le volcan Irrazu cette
fois, le deuxième au pays qu’on peut accéder directement par une autre
splendide route sinueuse : Encore une fois, le show est volé par un gros
nuage, mais je m’arrête quand même pour observer le lieu, les installations et
la boutique souvenirs (il faut bien que je commences à penser à ça). Je suis accompagné d’un autre motocycliste là-haut :
un Costa Ricain en belle et (toujours trop) propre F800GS. Ma XR250 battue, splashée par les rivières et
l’eau de mer, avec chunks de bouette, et poussière de route de gravelle partout
paraît à côté de celle-ci…comme ayant passé un sale de beau temps ;-) ! Je quitte donc ce paysage sans encore avoir
été témoin d’un cratère de volcan et je vais donc être obligé de me replonger
dans mes vieux National Geographics à la maison pour me rappeler de quoi ça l’air.
Ma route se
poursuit donc lentement vers San José, en prenant mon temps à emprunter les
chemins les plus limitrophes avec la montagne avant d’être obligé de replonger
dans la cohue urbaine. Rendu là, je ne
perds pas mon temps pour me diriger directement vers Wild Rider et ainsi remettre
la moto, toujours toute crottée, à Thorsten.
Tout est correct avec la moto, elle n’a même pas passée proche de
tomber, l’inspection de retour passe donc haut la main, et je fini mon séjour
avec une balade à pied le reste de la journée dans le centre-ville de San José,
question de décanter tous les beaux souvenirs que ces 7 dernières journées
venaient de me faire vivre.
Je rentre
donc le lendemain dans un Montréal à exactement la même température que je l’ai
laissé deux semaines auparavant…no wonder, avec l’hiver qu’on a connu ! Par contre, je le fais, la tête remplie d’excellent
souvenirs, d’images mémorables, et surtout, une super grande envie d’aller me
chercher une CRF250L pour sortir tout le fun de nos sorties LLAs et surtout
pousser la barre de cette nouvelle diète qui s’est emparée de notre groupe
depuis un an encore plus basse. J’avais
déjà lu un article où l’auteur mentionnais que c’était nettement plus l’fun de
conduire une petite moto dans l’tapis qu’une grosse moto sur une petite portion
de toute sa puissance. Après avoir passé
ces 7 jours dans des conditions de conduite formidables et toujours très
variées, je peux vous confirmer que cette hypothèse est totalement vraie.
Pura Vida !
Le Phélin
Pura Vida !
Le Phélin
Quel beau récit et superbes photos paradisiaques!! Ça donne vraiment envie d'y aller - quel est le meilleur moment de l'année pour des vacances au costa rica?
RépondreSupprimerC'est mieux durant la saison sèche, décembre à avril, mais j'imagine que ça doit être très achalandé (donc vol dispendieux) jusqu'en mars donc je serais plus tenté de recommander novembre, avril ou mai. J'ai vraiment payé pas cher en avril pour le vol, la météo superbe et pas besoin de réservations d'hotels partout ou j'arrêtais. Chose certaine, aucune de vos conjointes refuseront un voyage au Costa Rica, donc c'est une bonne opportunité pour les embarquer dans un trip moto-aventure à leur insu ;-) ! On peux y trouver en location également des DR650, KTM Aventure et BMW pour réussir ce coup.
RépondreSupprimerWow Phil! Superbe récit, mais surtout, superbes paysages! Vraiment trippante ton excursion!!!!
RépondreSupprimerMerci pour le récit, on s'embarque pour une aventure semblable la semaine prochaine. Question, tes mappes de hors route, tu suggères quoi? Encore merci et Pura Vida!
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